Un peu moins d’un millier d’enfants à Antananarivo et à Moramanga ont été suivis dans le cadre du programme BIRDY, initié par l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) en 2012, dont l’objectif est de documenter, en milieu communautaire, les infections néonatales, et d’évaluer l’état de la résistance aux antibiotiques ainsi que leurs conséquences médicales et économiques.
17,7 pour 1.000 naissances vivantes. Tel est le taux d’infections néonatales confirmées chez les nouveau-nés. Un taux annoncé dans le cadre du programme BIRDY, initié par l’IPM, dont les résultats ont été restitués hier. Ce taux atteint quasiment les 36 ‰, soit, 35,8 pour 1.000 naissances vivantes, si l’on tient compte des cas d’infections néonatales probables. Une incidence extrêmement élevée dans la mesure où elle est 40 fois supérieure à celle observée aux Etats-Unis. 75% de ces infections surviennent au cours de la première semaine de vie du nouveau-né.
Prise en charge. Dans le cadre de cette recherche, 394 nouveau-nés ont été suivis sur un site urbain à Antananarivo et 587 en milieu semi-rural à Moramanga, soit un total de 981. Tous les bébés ont bénéficié pendant leurs premiers mois de vie d’un suivi actif, notamment par le biais de visites régulières à domicile et d’une prise en charge rapide en cas de suspicion d’infection. « Nos résultats soulignent l’importance de renforcer le suivi et la prise en charge au niveau communautaire autour de l’accouchement. Il faut avoir à l’esprit que plus d’un tiers des femmes de notre cohorte ont accouché à domicile » explique Bich-Tram Huynh, chercheuse dans l’unité de pharmaco épidémiologie et maladies infectieuses de l’Institut Pasteur et co-principal investigateur du programme BIRDY.
Multirésistante. L’incidence des infections bactériennes multi résistantes a été estimée à 7,7 cas pour 1.000 naissances vivantes. Ainsi, sur ce plan, la situation peut encore être remédiée. « C’est la toute première fois que ce taux est estimé en milieu communautaire. Ces résultats préliminaires relativement modérés au regard de ce que nous attendions, s’ils se confirment, indiquent qu’il est encore temps de mettre en place des interventions pour limiter la diffusion de ces bactéries multi résistantes en communauté », a affirmé à ce sujet Jean-Marc Collard, chef de l’unité de bactériologie expérimentale à l’IPM et co-principal investigateur du programme BIRDY. « Cependant, les analyses bactériologiques ont montré que 70% des pathogènes retrouvés chez les nouveau-nés étaient résistants à au moins un des deux antibiotiques (ampicilline et gentamicine) actuellement recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé pour traiter ces infections », a-t-il été précisé.
Phase 2. Une seconde phase du programme (projet BIRDY 2), débutera au deuxième semestre de cette année 2018 pour une durée de trois ans. Ce nouveau projet va mettre en œuvre une approche « One Health » pour étudier de façon globale la transmission des bactéries multi résistantes. « Nous allons affiner notre estimation de l’incidence des infections néonatales et étudier l’acquisition des bactéries multi résistantes chez les nouveau-nés, qu’elles proviennent de la mère ou de l’environnement. Nous allons également nous intéresser à la prématurité pour essayer de comprendre ce qui la déclenche et quelles sont les conséquences sur le développement de l’enfant », explique Perlinot Herindrainy, coordinateur du programme et épidémiologiste à l’IPM. En effet, les complications dues à une naissance prématurée sont en cause dans plus de 27% des décès chez les nouveau-nés.
Rappelons que le programme BIRDY est également mené, depuis 2014, au Sénégal et au Cambodge.
Recueillis par Hanitra R.