
Depuis 1980, les catastrophes naturelles ont causé des dommages estimés à plus de 17 milliards de dollars en termes d’infrastructures agricoles et économiques à Madagascar, aux Comores, à Maurice, aux Seychelles et à Zanzibar, faisant de l’Indianocéanie la troisième région du monde la plus touchée par les catastrophes naturelles.
Sécheresses, cyclones, inondations, etc… Le Sud-Ouest de l’Océan Indien figure parmi les zones les plus affectées par les catastrophes naturelles, dont les répercussions sur l’économie et le développement des pays situés dans cette région ne sont pas peu négligeables dans la mesure où les pertes économiques se chiffrent à des milliards de dollars en seulement quelques décennies. Afin d’améliorer la résilience des populations aux catastrophes naturelles et d’atténuer les conséquences économiques de celles-ci dans les pays concernés, l’investissement dans la gestion et la réduction des risques de catastrophes représentent une nécessité absolue. La plateforme régionale sur l’initiative de protection financière contre les risques de catastrophes et climatiques (IFPP), créée par le projet ISLANDS de la Commission de l’Océan Indien (COI) figure parmi les instruments destinés à protéger les populations et l’économie des pays du Sud-Ouest de l’Océan Indien contre les risques de catastrophes. La huitième réunion de cette plateforme qui s’est tenue la semaine dernière à Maurice, a été une occasion de se pencher en grande partie sur la question d’investissement en faveur de la gestion et de la réduction des risques de catastrophes. « En dépit des efforts déployés jusqu’à l’heure afin d’améliorer notre résilience vis-à-vis des catastrophes naturelles, le nombre et l’intensité de ces catastrophes ne cessent de s’accentuer. Aggravés par le changement climatique, les catastrophes représentent de véritables menaces qui pèsent sur nos aspirations en matière de développement durable », a déclaré Etienne Sinatambou, ministre mauricien de l’Environnement, du Développement durable, de la Gestion des catastrophes naturelles et des plages.
Collecte d’informations. Dans le cadre de ses interventions, l’IFPP – qui bénéficie du financement de l’Union Européenne et de la collaboration technique du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) et de la Banque mondiale – se penche ainsi sur le développement d’outils pour permettre aux décideurs de mieux apprécier et mesurer l’impact des risques de catastrophes et les inciter à investir davantage dans la gestion et la réduction de ces risques. La collecte d’informations et la politique d’investissement font notamment partie des préoccupations de la plateforme. En matière de collecte d’informations, des équipes nationales d’experts ont été formées afin d’établir une base de données réaliste sur les pertes causées par les catastrophes. « L’Union européenne reconnaît la nécessité de coopérer et de renforcer la compréhension, l’action et le soutien dans différents domaines, comme les systèmes d’alerte précoce, la préparation aux situations d’urgence et les dispositifs d’assurance contre les risques » a alors indiqué Marjaana Sall, ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne à Maurice.
Essai à transformer. Quant au volet investissement, les pays participants à la réunion ont identifié les lignes budgétaires nationales qui regardent directement ou indirectement les risques. Une démarche qui leur permet d’estimer les investissements nécessaires à la gestion et la réduction des risques de catastrophes. Faut-il rappeler que les investissements sur la gestion des risques de catastrophes représentent actuellement entre 2% et 7% des budgets nationaux étudiés dans l’ensemble de la région.
« Grâce à ces efforts, les gouvernements sont désormais en mesure de prendre des décisions budgétaires éclairées concernant le financement des mesures destinées à réduire l’impact des catastrophes, ce qui devrait se traduire par une allocation plus efficace de fonds et d’investissements dans ce secteur, » a, pour sa part, déclaré le général de brigade Mamy Razakanaivo, président de la Plateforme. L’essai reste toutefois à transformer dans la mesure où il appartient aux gouvernements respectifs des pays membres de la plateforme de traduire les acquis en termes de données techniques en décisions concrètes en faveur de l’investissement dans le domaine de la réduction des risques de catastrophes. « Le programme a permis de fournir la base technique pour l’établissement de politiques plus efficaces de réduction des risques de catastrophe. Cependant, il reste beaucoup à faire pour consolider cette base et rendre les outils pleinement opérationnels. La décision d’accroître les investissements en matière de politiques publiques demeure entre les mains du gouvernement », souligne le président de la plateforme à ce sujet.
Recueillis par Hanitra R.